Avant toute chose, il est important de préciser que le sujet suivant est très peu abordé dans l'univers du jeu vidéo, notamment en France. Pourtant, il connait un très grand succès auprès des otakus japonais. Par ailleurs, certains d'entre eux passeraient une journée toute entière pour y jouer. Découvrez dans cette rubrique le Visual novel X eroge, un jeu vidéo très populaire au pays du soleil levant, mais encore mal connu dans les pays occidentaux.
Un eroge (エロゲ en japonais) est un jeu vidéo qui présente un contenu plutôt érotique, en général, dans un style anime. En français, il est appelé jeu hentai par erreur, en référence à l'expression hentai. En anglais, cette expression est souvent simplifiée sous le nom de H game. Beaucoup plus proche d'un livre que d'un jeu vidéo, il est en quelque sorte un roman interactif dans lequel un cadre de dialogue défile un texte, souvent de la narration (à 50 % environ) et des dialogues (à 50 %). Généralement, ce cadre est accompagné d'images et de sons, et relate une histoire. Comparé à un livre classique, il est beaucoup plus facile de s'intégrer dans le monde fictif grâce à la musique et les magnifiques décors. En outre, les personnes que l'on voit à l'écran ont leurs propres voix pour offrir une ambiance très agréable.
Dans bon nombre de visuals novels, le lecteur peut intervenir sur le déroulement de l'histoire via le choix textuel. Le jeu est alors un excellent compromis pour tous ceux qui n'aiment pas vraiment lire et tourner sans cesse des pages écrites à l'encre noire. Il aide le lecteur à accomplir plus d'efforts d'imagination et à s'identifier personnellement tout au long de l'histoire. En effet, le lecteur incarne le héros et donc il va subir les évènements de son point de vue. C'est à lui (le plus souvent) de prendre les décisions de son personnage afin d'influencer le cours de l'histoire.
Cette incroyable impression est d'autant plus dynamisée par le fait que de nombreux visuals novels permettaient d'accorder le nom du lecteur à celui du héros. Tout cela dit, le visual novel se présente comme une évolution du livre qui permet aux allergiques du papier à se mettre à lire ou à se plonger dans des histoires de manière plus immersive.
À l'origine, le terme visual novel vient d'une marqué fondée par Aquaplus. En effet, visual novel series fut accordé aux trois premiers jeux produits par le studio Leaf et qui sont : Shizuku en janvier 1996, Kizuato en juillet 1996 et To Heart en mai 1997. Comme les visuals novels se penchaient beaucoup plus au graphisme qu'au son, le terme fut également utilisé pour se distinguer des sound novels de Chunsoft.
L'histoire commence dans le début des années 1980, lorsque les Japonais lançaient leurs propres modèles d'ordinateurs personnels afin de rivaliser ceux des États-Unis. À l'époque, 4 grands constructeurs se disputaient les parts du marché, à savoir Fujitsu FM-7, Sharp X1, NEC PC-8801 et MSX. Les ordinateurs proposaient une résolution de 640x400 en 8 couleurs (une grande avancée de l'époque) pour s'adapter au style retrouvé dans les animes. Le NEC PC-8801 était en retard par rapport à ses concurrents en matière de couleurs et de son, alors il devait se rattraper.
C'est ainsi que le premier jeu érotique japonais a vu le jour en 1982 : Night life. Commercialisé par Koei, ce jeu d'aventure explicite est censé aider les lecteurs à avoir une meilleure vie sexuelle. La même année, Koei commercialise également Danchi Tsuma no Yuwaku (Seduction of the condominium wife), un jeu d'aventure et de rôle qui connait un très grand succès.
Les eroges sont désormais à la mode et plusieurs développeurs et éditeurs se lancent à la conception de jeux de ce genre comme Enix (et son Dragon quest) ou encore Falcom. Au fil du temps, le genre ne cesse d'évoluer et propose des concepts beaucoup plus poussés (les premiers jeux étaient limités et bon nombre de personnes les considèrent comme des jeux pornos sans aucun intérêt).
En 1985, Tenshitachi no gogo fut commercialisé et se présente comme l'un des premiers jeux à avoir offert un vrai scénario et une vraie aventure à ses joueurs. Plus tard, la série Range, développée par Alice soft, a su se démarquer par la combinaison du RPG et de l'eroge.
Dans le début des années 90, le genre a du mal à s'évoluer. En effet, à l'époque, les otakus sont très mal vus suite à l'affaire Tsutomu Miyazaki, un tueur en série otaku, pédophile et cannibale. Cependant, il connait une nouvelle ère grâce au studio Gainax et son nouveau système de jeu à travers Princess maker (n'étant pas vraiment un jeu érotique).
Princess maker propose au lecteur de prendre sous son aile une petite orpheline et de prendre en charge l'apprentissage de celle-ci. Le jeu permet d'établir un planning d'activités pour le personnage et de faire améliorer ses capacités. Les nombreuses idées innovantes, pour l'époque, seront optimisées et réutilisées pour un autre pionnier du genre, le Dôkyûsai, sorti en 1992 par l'entreprise Elf. En plus d'une totale liberté, le jeu permet au lecteur de gagner l'affection d'un des nombreux personnages féminins. Ce qui change l'histoire en une fiction plus interactive, marquant le début des jeux de séduction. Très rapidement, Dôkyûsai devient un véritable classique et connaitra tout un lot de suites et de remakes.
La venue de la PlayStation, des Windows 95-98 et de Saturn a permis aux visuals novels de s'imposer potentiellement et de proposer de plus beaux visuels. Le succès des jeux de Leaf, Shizuku, Kizuato et To Heart en témoigne. La bande musicale du jeu était tellement si populaire que même les machines de karaoké en disposaient. Malheureusement, la mentalité des jeux évolue au cours des années et les joueurs commencent à abandonner les scènes érotiques. Même si elles sont toujours présentes, elles ne constituent plus la base. À part Leaf, un nouvel éditeur contribuera également à la création de ce que les joueurs nommeront les gyaruge. Leur histoire se penche plus sur l'émotion et le fait de relater une vraie histoire.
En 1999, le studio Key élimine presque la composante érotique en publiant Kanon. Suite au succès sans précédent de ce jeu, un dessin animé de 13 épisodes en est tiré et sorti en 2002, suivi d'un remake en 2006 : Kanon 2006. Key propose également des jeux sans scènes de sexe, des dating sim consistant à jouer sur la séduction ou à trouver les titres les plus bizarres.
En 2017, l'entreprise BDG anciennement Y2G lance une plateforme française, Eroges.com, qui regroupe légalement tous les visuals novels et free to play hentai traduit en français. Aujourd'hui, au Japon, en France et partout dans le monde, les eroges et les visuals novels n'ont cessé de développés et sont devenus un genre bien fondés.
Bien que bon nombre des jeux du genre soient des variétés de jeux de séduction, vous pouvez également découvrir d'autres types d'eroge :
Strip, versions de jeux classiques comme le poker, le mah-jong, le pachinko ou le blackjack. La majorité des jeux d'arcade pour adultes sont classés dans cette catégorie
A ce titre une vidéo interessante de Pannonique Hentai traitant du sujet Eroge
Le nukige est un vrai visual noval purement (à 100 %) basé sur le sexe. Généralement, l'histoire est mise en recul pour offrir au lecteur de nombreuses scènes de culs en série. Cela dit, il appartient au visual novel ce que le magasin porno appartient à la littérature.
Contrairement au nukige, cette catégorie est plus axée sur l'histoire et ne contient pas de composite sexuel. Toutefois, les joueurs l'appellent également un nukige puisque le jeu est très basé sur le tire-larmes et l'émotion.
Ce type de visual novel offre une histoire très sombre et sérieuse. Même si le contenu fait pleurer, il ne faut pas le confondre au gyaruge qui propose une histoire d'amour sentimental tragique. En effet, l'utsuge dégage une ambiance violente, sombre et tragique. Il faut savoir que ce dernier peut avoir ou non un contenu sexuel.
L'otome game est plus destiné aux filles qu'aux garçons. En effet, ce sont les personnages garçons qui sont à draguer et non les filles. Vous pouvez retrouver des scènes de sexe ou pas, et certains sont réservés à un public plus précis (les Boys Love game avec du yaoi). Il existe également des genres assez particuliers comme les jeux destinés aux transsexuels.
Egalement appelé Galge, Girl game ou aussi bishōjo game par certains, le dating sim est un genre assez singulier dans le sens il offre autre chose. Jeu de drague, le joueur se doit de gravir ses stats afin d'être vu comme le masculin parfait qui plaira à sa future conquête. Pour cela, vous devez bien gérer votre physique, votre intelligence ou encore votre manière de s'exprimer. Il va aussi falloir trouver un emploi afin d'offrir de beaux cadeaux et de pouvoir sortir avec sa promise. Le plus grand succès de ces jeux est sans aucun doute Tokimeki memorialet de Konami. Ce jeu affiche plus d'un million d'exemplaires vendus dans tout le Japon.
Le visual novel est très apprécié au Japon : les Japonais peuvent passer 30 heures pour la lecture devant leur écran, cela ne les dérange pas. Cependant, aux États-Unis et en Europe, la situation n'est pas la même. Les jeux n'ont pas eu de promos intéressantes et, même si les sites étaient quand même visibles, ils n'ont pas connu un grand succès. Toutefois, l'histoire des eroges en dehors de Nippon est plus vieille que l'on pense. G-Collections a vu le jour en 2001 et un an plus tard, elle a publié ses premiers jeux en version anglaise. Vous pouvez retrouver DOR, Chain – The Lost Footprints ou encore Kana Little Sister. L'évolution continue et les titres sortaient de manière régulière, avec 2 à 9 par an. Plus tard, outre les nombreuses fantrad réalisées par des fans sur des jeux comme Fate/Stay night, un nouvel éditeur hollandais verra le jour en 2008, MangaGamer. On retrouve également les fantrad en français de visuals novels, notamment Kana Sotf Team.
Actuellement, certains titres nés en Europe sont considérés officiellement comme étant des visuals novels. Ils ont par ailleurs reçu quelques renommées comme la série des Ace Attorney ou encore Virtue's Last Reward. La machine continue toujours de se lancer, car NIS projet de publier certains de ces titres comme Dangan Rompa ou Stains Gate sur Vista. Higurashi no naku koro ni du studio 07th Expansion est l'un des jeux qui ont été traduits et distribués en Europe. Vous pouvez également retrouver des visuals novels indépendants comme Katawa Shoujo de Four Leaf Studio. Grâce à la société Beemoov et son jeu Amour Sucré, l'otome game a connu un développement considérable en France. Le studio français Mi-clos a annoncé une suite sous forme de visual novel pour son jeu Out There. Sortie en été 2016, elle porte le titre de Out There Chronicles.
Reste à savoir comment le marché va évoluer et s'il saura toucher son public.
Comme il est dit plus tôt, le visual novel est plus qu'un simple jeu classique. C'est un livre ou même une bande dessinée. Lancé en juin 1983, The Portopia Serial Murder Case est l'un des précurseurs du genre. Les interactions du joueur se limiteront à cliquer afin de lire le texte suivant ou encore faire défiler les images et les sons. La majorité des visuals novels sortis récemment propose une fonctionnalité de défilement automatique, ce qui permet également de réduire à zéro les interactions. Ces jeux, à l'exception de certains comme Higurashi No Naku Koro Ni, disposent de plusieurs histoires. Pendant les dialogues, le joueur doit alors proposer un choix qui va avoir un impact sur l'histoire. Par conséquent, un visual novel a plusieurs fins complètement différentes. Bon nombre d'entre eux proposent également des mini-jeux et certains éléments de jeux de rôle comme Symphonic Rain.
Même si les jeux dits tranche de vie sont très nombreux (comme Clannad ou To Heart), vous pouvez aussi découvrir divers styles. Galaxy Angel et Soul Link arborent la science-fiction, tandis que Shizuku et Bible Black se tournent plus vers l'horreur. On retrouve également les enquêtes policières dans Umineko no Naku Koro ni et Higurashi no naku koro ni, ou encore les jeux de rôles dans Koihime Musō et Sengoku Rance.
La complexité du scénario peut varier : il peut être riche et très captivant ou moins intrigue pour laisser faire cours au contenu érotique, notamment dans Discipline : Record of a Crusade ou SSexfriend. Les visuals novels proposent parfois des scènes ecchi et hentai pour le public adulte. À l'inverse, les jeux qui sont plus destinés sur console sont dénués de scène érotique et s'ouvre à un public plus large, comme on peut le voir dans Fate/Stay night, Kanon ou encore Shuffle !. To Heart 2 et Little Busters ! sont plutôt des jeux tout publics devenus pour adultes suite au rajout de scènes érotiques. Toutefois, certains restent toujours publics comme Clannard ou encore Ever 17 : The Out of Infinity.
Il est fort de constater que la grande partie des visuals novels sont développés par des semi-professionnels et des amateurs, avec un budget plutôt faible. Pourtant, certains jeux se distinguent potentiellement de leurs concurrents. On peut mentionner Fate/Stay night et Higurashi no naku koro ni qui offrent des scénarios très riches. Ils ont d'ailleurs remporté un succès sans précédent et disposent d'une très grande communauté de fans. Bon nombre de visuals novels sont également très populaires, et leur grand succès a donné lieu à des adaptations en manga ou en anime non érotique, voire romantique. On peut mentionner par exemple Kanon, Clannad, To Heart, Air, Muv Luv, Comic Party, Kimi ga nozomu eien (KGNE), Da Capo, Shingetsutan Tsukihime ou encore Fate/Stay night.
Vous pouvez également retrouver d'autres adaptations en anime érotique comme Discipline : Record of a Crusade ou Bible Black.
Avec le développement du gameplay, l'avenir de l'eroge semble tout tracé. Sans oublier, bien évidemment, la croissance de la technologie qui permet d'optimiser l'art même du genre. La prolifération des mangas et des animes a carrément contribué à son évolution. L'internet joue également un rôle majeur dans le domaine en offrant aux joueurs plus d'alternatives pour dénicher très facilement les jeux qui les intéressent : téléchargement, services de vente et de livraison par correspondance…
Comme pour toute autre chose, cette situation a son revers. Les éditeurs doivent faire face aux problèmes liés à la protection du droit d'auteur du jeu et le piratage qui sévit sur le marché mondial. En effet, certains joueurs décident de pirater les jeux du genre au lieu de les acheter de manière légale.